L’édition 2002 de l’IRFA, à Barcelone, aura contribué à présenter les derniers développements technologiques initiés il y a déjà quelques années. Peu ou pas d’innovations révolutionnaires, donc, qui modifieraient radicalement le paysage multimédia d’aujourd’hui.
Les fournisseurs (qui, pour beaucoup, se regroupent), en toute logique, sont contaminés par la morosité des éditeurs, lesquels évoluent dans un milieu concurrentiel féroce. Les uns et les autres commencent peut-être à prendre conscience que les avancées technologiques ne sont pas une fin en soi.
Comment expliquer, pour ne prendre que l’exemple de la presse quotidienne, que, malgré la révolution informatique de la dernière décennie, on ne soit pas capable de faire évoluer les produits qualitativement au sens large, c’est-à-dire non seulement en termes de contenu, de forme mais surtout de rapidité dans la circulation de l’information ?
A quoi a servi l’utilisation massive de l’Internet, la généralisation de l’échange et la transmission des fichiers PDF, si c’est pour boucler les éditions de nos journaux de plus en plus tôt… au détriment de nos lecteurs (qui, bien sûr, nous délaissent) ? Puissent les éditeurs exiger de leurs fournisseurs autre chose que la course effrénée à la rentabilité et les orienter sur des objectifs quelque peu oubliés ces derniers temps : la satisfaction du lecteur-client ! Ce qui, à terme, sera bien sûr beaucoup plus rentable que la sacrosainte rationalisation des coûts de production.
Les évolutions technologiques
Prépresse
L’association des sociétés PROTEC (très implantée dans le sud de l’Europe et l’Amérique du Sud) et IPA a débouché sur le système Milenium cross-media (5e génération) qui nous a semblé être très représentatif des toutes dernières évolutions dans le prépresse. Les grandes originalités de Milenium sont la prise en compte de « l’état des lieux social » des entreprises de presse auxquelles il s’adresse, le traitement séparé des contenus et des formes, la diffusion de contenus à travers tout support : papier, Internet, radio, e-media, etc. En clair, on peut configurer le système à la demande, c’est-à-dire donner accès à certaines fonctions à certains utilisateurs, mais pas à d’autres, sans « pénaliser » aucun des intervenants.
Exemple : le journaliste pourra visualiser une page en cours de montage technique sans pouvoir intervenir sur la mise en page, mais en prenant connaissance des parties encore disponibles dans celle-ci. Fini les « fichiers verrouillés » ou les versions light de certains logiciels pour respecter les accords d’entreprise ?
Milenium cross-media se décline en une vingtaine de modules, intégrant la gestion et la coordination de contenus éditoriaux sur des bases de données SQL (Milenium Server) en passant par le traitement de la maquette (Milenium Designer), l’édition des contenus éditoriaux en local ou à distance (M. Editor), le traitement d’images avec Photoshop ou Binuscan (M. Photo et M. Binuscan), l’exploitation du Web (4 modules : M. News Web, M. Pictures Web, M. Publishing Web, M. Inet). Parmi les autres modules, signalons quelques exclusivités : Milenium Alert, programmation d’alarmes et d’avis automatiques ; Milenium Analyser, génération de statistiques et de rapports ; M. Tracking, contrôle des opérations et de rapports.
Enfin, Milenium intègre la plupart des applications actuelles : Quark, Indesign, Frontpage, Photoshop, Illustrator, Binuscan… mais est déjà conçu pour intégrer les futurs outils non encore disponibles sur le marché. Actuellement, Milenium est utilisé par une soixantaine de journaux.
CTP – Scanners
Présence très discrète concernant les scanners, et « invasion » des dernières générations de CTP (computer to plate). Agfa domine complètement ce marché, peu gêné par ses concurrents. Il présentait à Barcelone ses nouvelles imageuses de la gamme Polaris X. L’innovation dans ce domaine est le remplacement du laser par… la diode. Cette dernière a pour principaux avantages une durée de vie beaucoup plus longue (15 000 h en temps réel de flashage, contrairement au laser qui reste toujours actif hors flashage), un coût réduit (15 000 euros pour 30 000 euros le laser), une fiabilité et une qualité accrues (1000/2400 dpi) et est capable de sortir 160 plaques par heure. Bien sûr, on attend la génération du Computer… to press.
Rotatives
HEIDELBERG
La société Heidelberg, qui continue son développement sur le marché des rotatives, présentait à Barcelone la Mainstream, une rotative de presse à blanchets tubulaires (technologie « Sunday », parce qu’inventée un dimanche par les ingénieurs Heidelberg), de format 1 x 4 (simple développement, double laize), capable de tirer à 80 000 ex./h. Cette machine, lancée en mai 2000, avec ses tours 8 encrages, recto/verso, permet le tirage de cahiers thématiques, est équipée d’encriers numériques et surtout nécessite deux fois moins de plaques à nombre d’encrages identique. Temps de calage : environ 45 secondes par plaque. La configuration 8 bandes, 4 tours, 34 encrages, 4 triangles permet d’imprimer 64 pages dont 24 en quadrichromie. Les blanchets tubulaires, exclusivité Heidelberg, éliminent les vibrations dues au passage en gorge, permettant ainsi à la Mainstream de délivrer une excellente stabilité d’impression à vitesse maximale. A noter que le concept des tours diminue la surface d’emprise au sol. Heidelberg vient de conclure la vente de trois Mainstream au groupe le Progrès, ce qui porte à dix-huit le nombre de machines de ce type vendues dans le monde, dont sept sur le marché français. Le Dauphiné libéré devrait porter à neuf le parc français puisque la conclusion définitive de l’achat de deux rotatives n’est toujours pas achevé.
MAN-ROLAND
Même si Heidelberg a su coiffer le leader mondial des systèmes d’impression sur le… blanchet, Man-Roland n’est pas en reste en matière d’innovations. Le fleuron étant sans aucun doute la rotative Dico Web, déjà présente à la DRUPA, qui est le premier système d’impression digitale offset avec transmission d’images digitale sans plaques. Sans oublier les succès de ses développements technologiques, tels que la Regioman et le concept 4/1.
L’IRFA 2002, encore une fois, ne sera pas le millésime des grands bouleversements, mais davantage celui des adaptations pragmatiques à un environnement morose.
La délégation du comité de groupe présente au salon de Barcelone, conduite par l’infatigable secrétaire René FAGNONI, était composée de :
- Pascal CHAPRON (LOP, Nantes),
- Bertrand COUDREAU (Maine libre),
- Patrick GAILLARD (Dauphiné libéré),
- Christian LEPAGE (Presse-Océan),
- Michel MAOUCHI (le Bien public),
- Xavier WATTIEZ (Nord-Eclair).
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