
Allocution prononcée le 28 août 1989 à 15 heures, lors de l’installation de la stèle à la mémoire des martyrs de la Résistance, dans le hall de la Sirlo, par René Fagnoni, secrétaire du comité d’entreprise. Cette stèle, qui se trouvait là au cours des années qui suivirent la Libération, avait été déposée à la fin de l’expérience de la SNEP, au moment du retour des patrons de l’avant-guerre.
C’est bien et c’est important que nous nous retrouvions ici, dans ce grand hall de la Sirlo, repris les armes à la main en août 1944. Notre présence ici aujourd’hui est hautement symbolique et témoigne de la continuité du combat de la classe ouvrière en cette année du bicentenaire de la Grande Révolution et du 45e anniversaire de la Libération de Paris.
Il est important de faire sortir la commémoration de ces événements historiques de l’abstraction dans laquelle on se complait habituellement. Le combat pour la liberté et les droits de l’homme n’est pas une lutte désincarnée, c’est l’empoignade virile avec les événements qui font l’Histoire et qui peut aller jusqu’au sacrifice suprême de son existence pour la défense de son idéal. Aujourd’hui, cela dérange et bouscule les idées confortables des pouvoirs établis surtout lorsque ces martyrs sont des militants syndicaux de la CGT et pour certains, membres du Parti communiste qui a aussi payé un lourd tribut dans la lutte contre l’occupant nazi.

Cela remet les choses à leur juste place et nous fait descendre des nuages sur lesquels on aimerait bien se cantonner. Le combat pour les Droits de l’homme est indivisible et toujours d’actualité lorsqu’on connaît les milliers de délégués syndicaux licenciés à travers le pays ainsi que la lutte pour les droits des fins de droit comme le rappelait justement H. Krasucki au cours du rassemblement de rentrée, place de l’Opéra.
Nous n’en aurons jamais terminé de ce long combat pour la justice et la dignité de l’individu, c’est celui qu’avaient entrepris nos camarades dont le nom figure sur cette stèle que nous avons scellée dans le hall où elle se trouvait à la Libération et d’où elle n’aurait jamais dû bouger car c’est là sa place, au cœur de l’entreprise.

Nous aurions failli à notre responsabilité de responsables syndicaux si, en cette année exceptionnelle, nous ne rendions pas l’hommage qui leur revient à ceux qui furent les meilleurs d’entre tous.
Il est d’autant plus important que nous nous souvenions d’eux au moment où les idées fascisantes du Front national se font jour à nouveau dans le pays.
Il nous ont tracé la voie. Avec tous les authentiques militants qui nous ont précédés ici, ils habitent cette grande maison et continuent de guider nos pas. A nous de poursuivre tous ensemble le rude combat qu’ils ont entrepris à mains nues pour chasser les nazis casqués et bottés. Soyons humbles en regard de l’étendue de leur sacrifice.

Dans l’histoire de la classe ouvrière, dans le temps qui coule vers l’émancipation des Hommes, ILS ont été un moment révolutionnaire de la vie de cette entreprise.
Nous sommes réunis ici parce que c’est l’avenir qui nous intéresse par-dessus tout. Or, l’avenir ne se construit pas dans les nuages, sur des idées fumeuses, il s’ancre dans le roc et s’appuie sur l’exemple de leur vie et de leur combat gravé dans la pierre. Il était nécessaire et équitable que nous nous en souvenions en rendant à ces justes l’hommage qu’ils méritent.
Je suis particulièrement heureux de la présence à nos côtés d’une délégation d’anciens de la Sirlo et plus précisément de mon camarade Charles Haget qui m’a accueilli lors de mon arrivée dans cette entreprise et a bien connu ceux dont les noms figurent sur cette stèle, en particulier René François avec lequel il a travaillé et milité durant de nombreuses années.
C’est bien de l’histoire contemporaine dont il est question ici aujourd’hui.
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